S’accorder

Afinando - Turcios

En musique

Le fait de s’accorder consiste à mettre un instrument en harmonie par rapport à une référence donnée, et obtenir des accords “justes” entre les notes qui composent l’instrument. Le musicien fait varier la tension des cordes ou la longueur des tuyaux pour ajuster la note à la référence donnée par le diapason ou par un autre musicien. Et c’est aussi le moyen d’harmoniser entre eux tous les instruments d’un orchestre, pour les aligner sur une référence commune et permettre au son de gagner en justesse et en puissance, car les résonances sont plus fortes lorsque les accords sont “justes”.

Il y a une forme de magie dans ce rite de l’accord en début de répétition : c’est le moment où les musiciens cessent de s’agiter, de discuter, et entrent réellement dans la répétition qui commence. Ils écoutent le « la » du hautbois et se le passent de pupitre en pupitre pour que tout le monde ait le même. Ils écoutent également leur propre instrument pour accorder les différentes cordes les unes par rapport aux autres, en se penchant au plus près de leur instrument pour bien entendre les vibrations et ajustements à faire, comme un moment de concentration sur soi-même avant d’entrer dans le cœur de la musique à jouer. Et lorsque tout le monde est accordé, le silence se fait, la concentration augmente, le chef d’orchestre entre dans la salle, applaudissements, l’orchestre se lève, se rassoit, le concert peut commencer.

Cet accord a plusieurs effets : la justesse qui permet une sonorité et une résonance optimales, mais également de préparer chaque musicien à la musique qui va être jouée, de le connecter à son propre instrument et à tous les autres instruments autour de lui, de préparer aussi le public à ce qui va suivre, dans un ensemble concentré et cohérent.

 

En entreprise

L’accord en début de réunion, lorsqu’il se fait, peut prendre des formes variées :

  • Un accord centré sur l’état d’esprit des participants, sous la forme d’un tour de table qui permet à chaque participant d’exprimer quelques mots en début de réunion pour écouter son propre état, entendre celui des autres, et percevoir l’effet sur l’ensemble. Une question aussi simple que « comment vous sentez-vous ? » en début de réunion, peut donner un reflet assez fidèle de l’état du « La » de l’équipe, et permettre des ajustements, entre participants d’une part (l’énergie haute de l’un peut venir compenser l’énergie basse d’un autre), et sur le contenu de la réunion d’autre part

  • Un accord centré sur l’agenda et le programme de la réunion. Mais dans ce type d’accord, je ne suis pas certaine que chaque participant ait l’occasion de faire sonner son « La » et d’entendre celui des autres pour les ajuster ensemble. L’agenda est plutôt annoncé par l’organisateur de la réunion, qui demande si c’est clair pour tout le monde, mais sans nécessairement proposer un temps d’ajustement. Sauf s’il s’agit d’un tour de table pour exprimer les attentes de chacun concernant la réunion, qui peut dans ce cas constituer un moment d’« accord ».

  • Physiquement, l’accord en entreprise pourrait se situer au moment où tous les participants sont en position de contribuer réellement à la réunion : assis ou debout selon le type de réunion, ayant éloigné leur téléphone, échangé quelques mots avec leurs voisins, et porté leur attention sur l’objet de la réunion. Un comité de direction avec qui je faisais un Music Lab avait décidé, après leur séminaire, de commencer leurs futures réunions de Codir par 3 grandes respirations en silence pour « s’accorder » et entrer mentalement dans la nouvelle réunion

  • Et en télétravail ? Il me semble encore plus nécessaire de prendre un moment formel pour s’accorder, car les messages non-verbaux ne passent que très partiellement. On ne se rend pas bien compte, de l’autre côté de l’écran, de l’humeur, de la disponibilité et de l’engagement de chacun si on ne pose pas directement la question en début de réunion. Par exemple “Quelle est l’humeur du jour, pour chacun de vous ? Et quelle est votre priorité en ce moment?”.

 

Pour aller plus loin 

Quelles autres formes d’accord observez-vous en entreprise, qui pourraient ressembler à l’orchestre qui s’accorde ?

Quelles nouvelles pratiques pourriez-vous imaginer ?

Quel est le « diapason » de votre équipe, sa référence commune ?


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