La compétence des incompétents

Dans le Music Lab de Zénon, les participants plongent dans ce qui est, pour la plupart d’entre eux, un domaine d’incompétence : la pratique d’un instrument de musique. Or, une fois passée la phase d’angoisse à l’idée de pratiquer un instrument dont ils ne sont pas experts, une autre sensation émerge rapidement : l’euphorie d’avoir réussi en équipe quelque chose qu’ils pensaient impossible. Que se passe-t-il au cours de l’expérience qui puisse expliquer ce changement radical de sensation?

1- La peur disparaît dans l’action

Le simple fait de se mettre en mouvement est déjà un moyen de calmer l’angoisse. A la terreur de devoir faire sonner un instrument de musique inconnu devant ses collègues de travail succède rapidement l’amusement de se lancer dans une activité étonnante et ludique où les repères d’expertise et de performance sont profondément modifiés.

2- On peut être incompétent individuellement et compétent collectivement

Les participants découvrent que leur absence d’expertise en musique n’empêche en rien la composition d’une mélodie et d’un rythme commun, avec une équipe d’”incompétents” comme eux, et que le résultat dépasse très largement ce qu’ils pensaient être capables de créer, et qu’ils n’auraient probablement pas réussi à créer s’ils étaient restés seuls. Non pas qu’en multipliant “-” par “-” on obtienne un “+”, mais bien parce qu’en se réunissant en équipe avec un objectif commun, une forme nouvelle d’intelligence se crée, qui dépasse largement la somme des compétences (ou incompétences) individuelles.

3 - La création est exponentielle, pas linéaire

Cette compétence collective inattendue naît probablement de l’empilement exponentiel d’idées et de sons, de tests et de prototypes tous azimuts, et d’une certaine pression du temps et du résultat. C’est en osant proposer des sons et des idées que d’autres sons et idées naissent à leur tour et s’amplifient les uns les autres jusqu’à former un matériau de création foisonnant dans lequel les participants n’ont plus qu’à piocher en sélectionnant le meilleur, et sous la contrainte d’un temps limité et d’une nécessité de produire un résultat.

4 - La joie rend compétent

Le plaisir de se plonger dans une activité nouvelle, qui engage les sens et les émotions et nous connecte à notre créativité naturelle, engendre une joie contagieuse. Et cette joie a des effets manifestes sur la compétence collective : elle renforce l’engagement dans l’activité, diminue l’auto-censure et augmente l’audace, favorisant ainsi la multiplication des idées et l’augmentation de l’efficacité dans leur sélection et leur agencement pour produire le résultat final.

5 - “Beyond the comfort zone is where all magic happens”

Pratiquer une activité où l’on n’est pas expert nous sort de notre zone de confort. Et hors de cette zone, nous sommes obligés de trouver de nouveaux repères, chercher des informations, nous appuyer sur les autres, écouter mieux et plus profondément, essayer des choses nouvelles, et accepter d’être stimulé et dérangé par ce qui nous entoure… en un mot comme en mille : en dehors de la zone de confort, on se met en recherche accélérée de compétence.

Et vous, quelles sont vos expériences d’incompétence individuelle qui se sont transformées en compétence collective? Quelles sorties de zone de confort vous ont apporté une magie ou une joie inattendues?

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