Le son de la diversité

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Si chaque morceau de musique est bien issu d’un métissage composé d’influences culturelles, géographiques, et personnelles, il existe une palette de styles musicaux extrêmement vaste, illustrée de façon amusante par ce détournement de plan de métro londonien. Chaque ligne est un style, chaque arrêt un artiste, et chaque correspondance une promesse de nouveau voyage.

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Que se passe-t-il aux intersections, lorsque plusieurs styles musicaux se rencontrent ? De la magie pure : on entend le violon de Yehudi Menuhin se mélanger aux sons du sitar de Ravi Shankar, et on s’émerveille de la complémentarité de ces deux instruments jamais associés auparavant et de l’harmonie nouvelle créée par ce duo à la fois insolite et totalement naturel.

A l’auditorium de Radio France, ce sont les rappeurs du groupe IAM et l’Orchestre Philharmonique de Radio France qui se lancent ensemble dans un Hip Hop symphonique avec un résultat très convainquant ! Voir les rappeurs jouer sur la même scène qu’un orchestre classique fait du bien, comme à chaque fois que des cloisons et silos sont remis en question et enlevés, au moins pour un temps.

Dans l’entreprise aussi, la diversité fait du bien, élargit les horizons, invente de nouveaux styles et permet de remettre en question les cloisons. Mais elle est un exercice aussi délicat que de faire sonner harmonieusement un duo sitar-violon ou rap-classique. Que ce soit la diversité des personnalités, celle des métiers ou celles des origines culturelles et géographiques, il s’agit de faire dialoguer des personnes qui n’en ont pas l’habitude et qui ne connaissent pas nécessairement les codes de l’autre. Et c’est généralement plus difficile et plus long que de dialoguer avec ceux qui nous ressemblent.

C’est pouquoi certains domaines présentent parfois des carences fortes, comme ce que décrit Emily Chang dans son livre “Brotopia: Breaking Up the Boys’ club of Silicon Valley”. Elle y fait le constat de l’absence criante de diversité dans les start-ups de la Silicon Valley - dont les fondateurs sont issus des mêmes écoles, mêmes cultures et milieux sociaux, et en très grande majorité des hommes, blancs, trentenaires - et montre également les travers que cela occasionne en matière d’innovation et d’adéquation avec le reste de l’humanité.

Car en effet, l’entre-soi nous rétrécit tandis que la diversité nous agrandit. Alors comment semer et faire fructifier la diversité dans l’entreprise ?

1/ Décréter

La diversité étant une voie plus difficile que l’homogénéité, il ne suffit pas de la souhaiter et de l’accueillir lorsqu’elle se présente : il s’agit de lui créer une vraie place et d’aller la chercher. “Décréter”, car à la manière de la loi Copé-Zimmermann sur la parité hommes-femmes dans les conseils d’administration, il peut être nécessaire de légiférer pour contrer le mouvement naturel et faire de la place à d’autres habitudes. La règle vient alors renforcer et soutenir les initiatives déjà bien présentes dans les départements d’innovation et de développement, qui stimulent la créativité en stimulant la diversité : Lorsque le compositeur Hans Zimmer est sollicité par BMW pour composer les sons d’ambiance de leur concept-car électrique Vision M NEXT, je fais l’hypothèse que sa façon de questionner et d’écouter les équipes du concept-car influence leur travail au-delà des sons d’ambiance.

2/ Fixer une date de concert

Un projet commun et une “date de concert” permettront ensuite d’orienter le travail dans une même direction et de stimuler l’effervescence et la coopération autour d’un projet commun et d’une échéance proche et palpable. Il est toujours plus facile de matérialiser et faire fonctionner la diversité dans l’action plutôt que dans les discours, donc il s’agit de jouer ensemble et de FAIRE ensemble, avec un objectif temporel qui ajoute une pincée de stimulation.

3/ Miser sur la relation

C’est avant tout sur la relation que repose la réussite de la diversité. Ce n’est pas “un américain qui collabore avec un indien”, mais “une relation intuitu personae entre Yehudi Menuhin et Ravi Shankar”. Or une relation se construit, se nourrit, s’entretient, et si l’on ne peut pas forcer le lien, on peut néanmoins créer les conditions favorables pour que la rencontre se fasse et que la relation s’enrichisse et se pérennise.

4/ Décoder

Comme dans toute rencontre du troisième type, il y a des codes à connaître pour mieux communiquer et ne pas s’offusquer des maladresses ou incompréhensions. Il existe un excellent livre sur les codes relationnels et le lien au travail selon les différents pays du monde: “When Cultures Collide : Leading across Cultures” de Richard Lewis, à mettre entre les mains de tous les managers amenés à gérer des projets multi-culturels ! Un livre ne suffit pas, bien entendu, mais il permet au moins d’éclairer certains aspects, de faciliter les premiers pas, et de relativiser les éventuels désaccords qui surgissent pendant les premiers mois.

5/ Réguler et s’accorder

Organiser des sessions de travail sur la relation elle-même est aussi une piste fructueuse, où l’objet de la réunion n’est plus le projet en lui-même mais le “comment on travaille ensemble” : il y est question de modes de coopération et de communication, de besoins psychologiques et de comportements sous stress, de vision future et de désir commun, pour pouvoir entendre le “la” des uns et des autres et de “ré-accorder” régulièrement.

6/ Persévérer et créer les passerelles pour les suivants

Chaque voie un peu plus ardue que les autres nécessite d’être consolidée régulièrement, par des accompagnements dédiés et par des relais entre les générations et entre les différents domaines. C’est ce qu’expliquent joliment ces cheffes d’orchestres dans cette vidéo :

Et vous, comment favorisez-vous la diversité autour de vous ? Quel est votre plus beau souvenir de diversité ? Et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent la stimuler?

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