Leader ambidextre

Le chef d’orchestre a deux bras qu’il utilise avec autant d’aisance l’un que l’autre, à la manière des personnes ambidextres qui écrivent aussi facilement avec la main gauche qu’avec la main droite. Dans le cas du chef d’orchestre, chaque bras a son rôle défini, très complémentaire de celui de l’autre bras. L’association des deux, ajoutée aux expressions du visage et aux mouvements du corps, donne tout son style au chef d’orchestre.

Le bras droit indique le tempo et permet au chef d’accélérer ou ralentir, de donner un signal à certains instrumentistes qui guettent le moment où ils doivent jouer : c’est le bras de la structure et du cadrage.

Le bras gauche en revanche, plus proche du cœur, indique les nuances, les émotions, les expressions : tout ce qui va permettre de magnifier la musique, d’en souligner les mouvements et de mettre en lumière certaines phrases clés. Le bras gauche permet au chef de s’approcher de la vision qu’il a de l’œuvre, en la conciliant avec ce que l’orchestre est en train de créer, l’énergie que le public envoie ce jour-là, et les émotions qui émergent et circulent dans la salle.

Pour atteindre cette vision et pour vivre les moments de grâce dans lesquels le temps semble suspendu et l’émotion à son paroxysme, le chef d’orchestre a besoin d’être ambidextre et de pouvoir exceller simultanément dans le cadrage, le rythme et l’expression des émotions.

Étonnamment dans l’entreprise, on voit le leadership essentiellement comme un exercice de cadrage et de pilotage, régulièrement aussi de vision, mais très rarement comme un exercice dans lequel les émotions ont leur rôle.

Et pourtant… ce sont bien elles qui nous font atteindre l’état de grâce, qui nous portent vers le “flow” décrit par Mihály Csíkszentmihályi, cet état de concentration, d’énergie et de plaisir qui donne les plus belles performances.

Et une fois que l’on est capable de faire émerger et circuler l’énergie et les émotions dans un groupe, alors on peut même se passer des bras, comme Léonard Bernstein s’amuse à le faire ici ;)

Si vous repensez aux moments les plus intenses de votre carrière, dans lesquels vous vous êtes senti le plus à votre place, totalement absorbé dans votre tâche, avec la sensation que le temps n’existait plus, et un tel plaisir de faire ce que vous faisiez que vous auriez pu continuer pendant encore longtemps.

Que se passait-il alors ? Quels rôles jouaient le bras droit et le bras gauche de celui ou celle qui menait la danse ce jour-là, ou de l’équipe qui pilotait? Comment pourriez-vous reproduire l’expérience?

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