Les rituels

A l’origine, les rituels sont plutôt l’apanage des religions, et codifient des comportements individuels et collectifs auxquels on attribue un rôle et un sens précis. Les rituels autour de la prière ou d’une cérémonie, par exemple, codifient l’enchaînement des étapes, des paroles à prononcer et des gestes à faire tout au long du déroulement de la cérémonie. Ils permettent à une assemblée parfois extrêmement nombreuse de se sentir connectée : au dieu que l’on honore, aux autres croyants, vivants ou défunts, et au sens global que cela prend pour eux. Certains lieux sont eux aussi chargés de sens, et assurent une forme de continuité entre les générations qui s’y succèdent, autour de célébrations quasi immuables.

Mais les rituels peuvent prendre d’autres formes que religieuses, et revêtir une importance particulière dans le domaine artistique et dans le monde de l’entreprise. Les rituels sont parfois inconscients, ou parfois créés consciemment pour nourrir l’énergie et la motivation, et ils peuvent être individuels ou collectifs.

Nous avons parlé dans un précédent article des gammes pour les musiciens, qui constituent parfois un rituel de démarrage d’une journée. Beaucoup d’autres rituels peuvent être créés, par exemple dans les heures qui précèdent un concert. Certains concertistes m’expliquent que le jour d’un concert, il font une sieste et que c’est un élément essentiel de leur préparation. D’autres font des étirements, de la méditation, des mouvements de yoga. La plupart du temps, le type d’activités, l’ordre et la durée de chaque séquence sont identiques d’une fois sur l’autre, et créent progressivement un rituel qui met l’artiste dans les conditions de réussite du concert... et qui parfois conditionne sa réussite, comme une forme de superstition.

Les découvertes récentes en neurosciences éclairent le rôle de ces rituels : ils permettent au cerveau de contrôler certains éléments, ce qui a pour effet de réduire le stress et de produire un neurotransmetteur extrêmement utile à la réussite : la dopamine. Les situations à fort enjeu et forte incertitude - tant de choses peuvent se passer sur scène, qui échappent au contrôle de l’artiste ! - mettent en effet le cerveau humain en tension, et il a besoin de dopamine pour être dans son meilleur niveau d’efficacité. Donc tout ce qui permettra de produire ce neurotransmetteur sans diminuer les capacités physiques et mentales - alcool et drogues à éviter - est donc extrêmement utile ! Mais il n’y a pas que la dopamine qui intervient. En fonction du niveau de stress - et de cortisol dans le sang de l’artiste - il peut être utile aussi de produire quelques doses de sérotonine et d’endorphine avant de monter sur scène, d’où l’utilité des exercices de méditation, de respiration ou de yoga pour certains. Les rituels sont également très fréquents dans le domaine du sport : Raphaël Nadal est connu pour avoir une séquence de gestes quasi maniaque, extrêmement précise et immuable au cours de chacune de ses parties.

Et le Haka des All-Blacks constitue un shoot hormonal extrêmement efficace juste avant le match : la réalisation de gestes identiques et le fait de chanter ensemble ont pour effet la production d’ocytocine, hormone qui favorise la confiance entre les membres du groupe, diminue le stress, et augmente le plaisir !

En entreprise, quels rituels peut-on mettre en place ? La pause café, la réunion du lundi matin, le goûter du vendredi après-midi, le repas de fin d’année…. au-delà du contenu éventuel des assiettes, les vertus des rituels sont nombreuses :

  • Connecter les individus les uns aux autres : Faire en sorte qu’ils créent des liens, se connaissent, se connectent, pour favoriser la confiance sur laquelle se construit l’efficacité d’une équipe, et le plaisir de travailler ensemble

  • Donner un rythme au travail : Un des avantages du rituel est de cadencer le temps et de donner des repères temporels partagés

  • Définir un cadre commun : Les rituels participent aussi à la culture de l’équipe et de l’entreprise, en définissant de manière tacite ou explicite ce qui se fait ou ne se fait pas, la façon dont on interagit, les modes de travail et de coopération

  • Célébrer : Les rituels permettent aussi de marquer des étapes importantes, à la manière des rites de passage : certaines entreprises fêtent prosaïquement leur premier million de chiffre d’affaires… je suis certaine qu’il y a des célébrations qui peuvent être plus chargées de sens ;)

La période actuelle est propice aux réinventions, alors inventons de nouveaux rituels pour permettre à nos équipes et à nous-mêmes de renforcer nos liens, de synchroniser nos rythmes et célébrer ce qui peut être célébré !

Quelques sources d’inspirations : Welcome To The Jungle déborde d’idées de rituels et animations d’équipes : les rituels les plus insolites, les 7 meilleurs rituels confinés. Et pour les rituels individuels, quelques idées piquées aux artistes !

Et vous ? Quels rituels avez-vous créés, pour vous-même et pour vos équipes?

Comment pourriez-vous augmenter la confiance et le plaisir dans un nouveau rituel collectif ?

Quel “Haka” allez-vous inventer pour la réunion de lundi prochain ? ;)

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