Plus de “G” dans la musique

Chance inouïe, hier soir, de faire une répétition de quatuor guidée par Hugues Borsarello, comme un faisceau de lumière intense et parfaitement dosé, focalisé sur notre compréhension de l’oeuvre et son interprétation. Par exemple, “Mettez plus de « G » dans cette musique”: il faut donner du poids à l’archet avec le poids du bras qui le tient, et revenir aux lois universelles de la gravitation terrestre. « Mettre du G », c’est tenir compte du principe universel qui veut qu’après le premier impact d’une balle sur le sol, les rebonds sont plus légers, et que lorsque l’on lance un objet en l’air, il retombe naturellement, sans aucun besoin de forcer le mouvement. En musique, c’est pareil, et pourtant on ne l’apprend dans aucun conservatoire de musique.

Dans ce quatuor de Haydn, les premières notes, qui donnent l’impulsion, sont jouées comme si elles étaient cette balle qui tombe au sol, et les suivantes comme si elles en étaient les rebonds. Et ce n’est pas juste une métaphore, c’est l’application d’un principe de physique, qui devient une évidence pour le bras qui tient l’archet sur la corde, devient plus lourd sur la première note et laisse les rebonds se faire naturellement pour les suivantes.

Dans les entreprises, je me demande ce que l’on pourrait modifier en mettant “plus de “G” dans le management” : comment les lois de la gravitation universelle pourraient ajuster et éclairer nos façons de gérer les équipes et les projets, de façon plus naturelle, physique, humaine ?

Peut-être dans “l’expérience utilisateur” ou '“l‘expérience collaborateur”, où les parcours et les gestes pourraient être rendus aussi naturels et fluides que possible, ou dans les ateliers de fabrication, voire dans les usines ? La lecture du récit poético-hypnotique de Joseph Ponthus dans “A la ligne” laisse imaginer beaucoup d’ajustements possibles dans les gestes et la coopération entre hommes et machines, qui pourraient peut-être changer l’usine et transformer les maux musculo-squelettiques et les bruits des chaînes de production en une mélodie presque harmonieuse…

Précédent
Précédent

L’inattendu

Suivant
Suivant

Tensions et Harmonie