Résilience en Musique

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Ces dix dernières années, le mot '“résilience” était tellement employé et dans tant de contextes différents qu’il perdait peu à peu son sens initial - la capacité à survivre après un traumatisme majeur - pour devenir simplement le fait de surmonter un obstacle. Or la pandémie actuelle tend à rendre à la résilience tout son sens premier, tant cette crise sanitaire, économique et sociale constitue un réel traumatisme, tant individuel que collectif, pour de nombreux acteurs, dont il y a fort à craindre que certains ne se relèveront que très difficilement.

C’est Emmy Werner, chercheuse américaine, qui a été la première à utiliser ce terme de résilience, après avoir suivi pendant des années le développement d’enfants traumatisés à Hawaï dans les années 60. Puis Boris Cyrulnik, médecin neuropsychiatre, a introduit le terme en France, et publié plusieurs ouvrages sur le sujet.

Dans le monde de la musique, il y a de nombreux exemples de résilience qui illustrent cette capacité incroyable à survivre et à transcender les traumas. Prenons l’exemple de Django Reinhardt qui a grandi dans une roulotte avec sa mère et son frère, abandonnés par leur père, et survécu miraculeusement à l’incendie de sa roulotte. Après 18 mois d’hôpital, une cicatrisation compliquée et des soins au nitrate d’argent qui lui font perdre l’usage de sa main gauche, il s’enfuit de l’hôpital, se remet à la guitare d’arrache-pied, retrouve l’usage de deux doigts et réinvente sa technique pour l’adapter à son handicap.

Sur quels éléments se construit la résilience et comment la favoriser ?

Lorsque l’on observe les parcours de ces personnes résilientes, il semble qu’elles présentent plusieurs points communs :

  • L’action plutôt que la résignation et la passivité. L’action comme remède à la peur et aux ruminations, pour mettre le corps en mouvement et la tête au repos. L’action permet aussi de retrouver des motifs de fierté et de reconstruire progressivement la confiance en soi et en ses ressources.

  • Les liens sociaux, qui permettent aux membres d’un groupe de se sentir moins exposés aux dangers extérieurs et de s’appuyer les uns sur les autres. Les liens peuvent constituer un réseau de racines horizontales, à défaut de racines verticales bien solidement ancrées dans le sol, qui consolident la perception de soi-même, l’acceptation des événements, même si c’est parfois de manière ponctuelle ou lointaine. Certains “tuteurs de résilience” ne savent pas qu’ils ont joué ce rôle clé de soutien.

  • La créativité. En face d’une situation inextricable, violente ou absurde, c’est la créativité qui permet d’inventer une issue au coeur de l’impasse. Le film “La vie est belle” de Roberto Begnini en est une illustration poignante, avec le grand allié de la créativité : l’humour. Et plus récemment, le film “Patients” retrace l’impressionnant parcours de reconstruction par l’écriture et le rap de Grand Corps Malade après l’accident qui l’a rendu tétraplégique.

Et c’est en cela que l’art - et notamment la musique ! - peuvent jouer un rôle clé : en mettant le corps en action, en créant des interactions, et en stimulant la créativité, l’art devient non seulement une aide, mais aussi un réel processus qui accompagne la résilience individuelle et collective et construit progressivement de nouvelles ressources, dans un lieu sûr. La musique permet aussi d’accéder aux émotions, de les mettre en mouvement en même temps que le corps, et de remettre de la cohérence dans le chaos.

André Manoukian parle dans cette courte vidéo de Grand Corps Malade, Yaron Herman et Edith Piaf, et quel rôle la musique a joué dans leur reconstruction :

Et par un joli clin d’œil de calendrier, ce 9 mars au soir dans « C à vous », Grand Corps Malade et Louane chantent ensemble leur resilence bâtie sur la musique… ;)

Dans une entreprise durement touchée par une crise, il arrive que certaines parties ne répondent plus comme avant, voire ne fonctionnent plus du tout. Alors comment favoriser la résilience du système ? Ce n’est probablement pas la première idée qui viendrait à l’esprit des dirigeants d’une organisation en crise, mais elle mérite tout de même d’être posée : mettre de la créativité et du mouvement dans le système, notamment à travers une pratique artistique ! Music Lab, groupes de musique, séminaire “Improbable” de l’Institut Jean-Baptiste Say… tout ce qui permettra aux membres du système de remettre en marche leur créativité sera bénéfique à la survie du système. Et les effets se prolongeront bien au-delà de la gestion de crise.

Et vous, quelles sont les activités qui vous ont aidé à surmonter des crises ? Comment les avez-vous découvertes et qu’en avez-vous fait ?

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